François ne lit pas l’AFS !

Nous venons d’avoir la confirmation que François ne lit pas l’AFS, hélas ! Ou tout au moins n’a pas lu, ou n’a pas complètement lu le n° 267.
En effet, au cours de sa 27e catéchèse sur la prière, le 24 mars dernier, veille de la fête de l’Annonciation, voici ce qu’il disait :

Il [le Christ] est l’unique Rédempteur : il n’y a pas de co-rédempteurs avec le Christ. Il est le Médiateur par excellence, il est le Médiateur.
(…)
La Vierge, comme Mère à laquelle Jésus nous a confiés, nous enveloppe tous ; mais comme Mère, pas comme déesse, pas comme co-rédemptrice : comme Mère.

Texte complet ici : Catéchèse : Marie, « parce qu’elle est notre Mère »

Il réitérait ainsi, à 15 mois d’intervalle, ce qu’il avait enseigné le 12 décembre 2019, dans son homélie pour la fête de Notre-Dame de Guadalupe.

Fidèle à son Maître, qui est son Fils, l’unique Rédempteur, elle n’a jamais voulu prendre pour elle quelque chose de son Fils. Elle ne s’est jamais présentée comme co-rédemptrice. Non, disciple.

Texte complet ici : Fête de la Bienheureuse Vierge Marie de Guadalupe (12 décembre 2019)

Cette dernière affirmation avait conduit l’AFS à faire un rappel de l’enseignement constant de l’Église sur ce point, dans le n° 267 de la revue, de février 2020. La catéchèse du 24 mars dernier prouve que François ne l’a  pas lu. Et après vérification, il ne le pouvait pas, car le Vatican n’est pas abonné !

François étant un grand adepte des moyens de communication modernes, peut-être lira-t-il une version numérique. Aussi nous permettons-nous de reproduire ci-après l’article paru dans le n° 267, en espérant qu’au cours d’une recherche sur ce sujet, il tombera dessus.

MARIE IMMACULÉE, CO-RÉDEMPTRICE

(Article paru dans le numéro 267 – Février 2020)

La  récente assertion de François : Marie « ne s’est jamais présentée comme « co-rédemptrice »[1] » exige le rappel de  l’enseignement constant de l’Église. Notre Seigneur, seul, est Rédempteur, et nulle créature ne peut ajouter quoi que ce soit à son sacrifice parfait. Mais par son fiat à l’incarnation et à la mort de son fils, la Sainte Vierge a été associée à la rédemption du genre humain, en joignant ses souffrances pour le rachat de nos péchés. (…)
Que cette croyance populaire ait été maintes fois confirmée sous diverses expressions par des écrits pontificaux doit rassurer le commun des mortels qui sait d’expérience ce qu’une simple mère peut éprouver de compassion au sort de ses enfants.

YT

Citations des papes de Pie IX à Pie XII

Pie IX (1846-1878)

C’est pourquoi, de même que le Christ, Médiateur de Dieu et des hommes, ayant pris la nature humaine, efface le sceau de la sentence qui était contre nous, et l’attache en vainqueur à la croix, de même la très sainte Vierge, unie à lui par un lien étroit et indissoluble, avec lui et par lui exerçant des hostilités éternelles contre le serpent venimeux, et triomphant pleinement de cet ennemi, a écrasé sa tête de son pied immaculé.

Bulle Ineffabilis Deus, définition ex cathedra du dogme de l’Immaculée Conception (1854)

Léon XIII (1878-1903)

En effet, la Vierge exempte de la souillure originelle, choisie pour être la Mère de Dieu, et par cela même associée à lui dans l’œuvre du salut du genre humain, jouit auprès de son Fils d’une telle faveur et d’une telle puissance que jamais la nature humaine et la nature angélique n’ont pu et ne peuvent les obtenir.

Supremi apostolatus officio, sur le Rosaire (1883)

Auprès de la croix de Jésus se tenait debout Marie, sa mère, laquelle, émue pour nous d’une immense charité, afin de nous recevoir pour fils, offrit elle-même volontairement son Fils à la justice divine, mourant en son cœur avec lui, transpercée d’un glaive de douleur.

Jucunda semper, sur la pratique de piété du Rosaire (1894)

Dès que, par le plan secret de la divine Providence, nous avons été élevés à la chaire suprême de Pierre…, spontanément la pensée nous est allée à la grande Mère de Dieu et son associée à la réparation du genre humain.

Constitution apostolique Ubi primum, sur la confrérie du Rosaire (1898)

Car de là, selon les desseins de Dieu, Elle a commencé à veiller sur l’Église, à nous assister et à nous protéger comme une Mère, de sorte qu’après avoir été coopératrice de la Rédemption humaine, Elle est devenue aussi, par le pouvoir presque immense qui lui a été accordé, la dispensatrice de la grâce qui découle de cette Rédemption pour tous les temps.

Adjutricem populi (1895)

St Pie X (1903-1914)

Quand vint pour Jésus l’heure suprême, on vit la Vierge « debout auprès de la croix, saisie sans doute par l’horreur du spectacle, heureuse pourtant de ce que son Fils s’immolait pour le salut du genre humain, et, d’ailleurs, participant tellement à ses douleurs que de prendre sur elle les tourments qu’il endurait lui eût paru, si la chose eût été possible, infiniment préférable » (S. Bonav., I Sent.,
d. 48, ad Litt., dub. 4). La conséquence de cette communauté de sentiments et de souffrances entre Marie et Jésus, c’est que Marie
« mérita très légitimement de devenir la réparatrice de l’humanité déchue«  (Eadmeri Mon., De Excellentia Virg. Mariæ,
c. 9), et, partant, la dispensatrice de tous les trésors que Jésus nous a acquis par sa mort et par son sang (…). Du fait que Marie l’emporte sur tous en sainteté et en union avec Jésus-Christ et qu’elle a été associée par Jésus-Christ à l’œuvre de la Rédemption, elle nous mérite
« de congruo »[2], comme disent les théologiens, ce que le Christ Jésus nous a mérité « de condigno », et elle est le ministre suprême de la dispensation des grâces.

Ad Diem illum Laetissimum (02.02.1904)

Benoît XV (1914-1922)

Mais les souffrances de Jésus ne peuvent être séparées des peines de Marie. Tout comme le premier Adam eut une femme comme complice dans sa rébellion contre Dieu, le nouvel Adam voulait qu’une femme partage son œuvre en rouvrant les portes du ciel aux hommes. De la croix, il s’adressa à sa Mère douloureuse en tant que « femme » et la proclama la Nouvelle Ève, la Mère de tous les hommes pour qui il est mort afin qu’ils aient la vie.

Canonisation de St Gabriel de la Vierge Douloureuse et de Ste Marguerite-Marie Alacoque (1920)

En s’associant à la Passion et à la mort de son Fils, elle a souffert comme à en mourir (…) pour apaiser la justice divine ; autant qu’elle le pouvait, elle a immolé son Fils, de telle façon qu’on peut dire avec raison qu’avec lui elle a racheté le genre humain. Et, pour cette raison, toutes les sortes de grâces que nous puisons dans le trésor de la rédemption viennent à nous, pour ainsi dire, des mains de la Vierge douloureuse.

Lettre Inter solidacia (22.03.1918)

 Pie XI (1922-1939)

Celui-là n’encourra pas la mort éternelle qui jouira surtout à son dernier moment de l’assistance de la Très Sainte Vierge. Cette opinion des docteurs de l’Église, confirmée par le sentiment du peuple chrétien et par une longue expérience, s’appuie surtout sur ce fait que la Vierge douloureuse fut associée à Jésus-Christ dans l’œuvre de la Rédemption.

Lettre Explorata res (1923)

Ô Mère de piété et de miséricorde, qui assistiez votre doux Fils tandis qu’Il accomplissait sur l’autel de la Croix la Rédemption du genre humain, comme co-rédemptrice et associée de ses douleurs, conservez en nous, et accroissez chaque jour, nous vous en prions, les précieux fruits de sa rédemption et de votre compassion.

Message aux pèlerins de Lourdes pour le Jubilé de la Rédemption (29.04.1935)

Le Rédempteur se devait, par la force, d’associer sa Mère à son œuvre. C’est pour cela que nous l’invoquons sous le titre de Co-rédemptrice. Elle nous a donné le Sauveur. Elle l’a conduit à son œuvre de rédemption jusqu’à la croix. Elle a partagé avec lui les souffrances de l’agonie et de la mort en laquelle Jésus consommait le rachat de tous les hommes.

Ecclesia Dei adflicta (30.11.1933)

Pie XII (1939-1958)

Dans l’accomplissement de la Rédemption, la très Sainte Vierge fut étroitement associée au Christ. (…) Comme le Christ pour nous avoir rachetés, est notre Seigneur et notre Roi à un titre particulier, ainsi la Bienheureuse Vierge est aussi notre Reine et Souveraine à cause de la manière unique dont elle contribua à notre Rédemption, en donnant sa chair à son Fils et en l’offrant volontairement pour nous, désirant, demandant et procurant notre salut d’une manière toute spéciale”.

Ad caeli Reginam, sur la royauté de Marie (1954)

En effet, Jésus et Marie ne sont-ils pas les deux amours sublimes du peuple chrétien, le nouvel Adam et la nouvelle Ève que l’Arbre de la Croix a unis dans la douleur et l’amour pour racheter le péché de nos premiers parents dans le jardin d’Éden ? 

Discours aux pèlerins de Gênes (22.04.1940)

Ce fut elle, qui exempte de toute faute personnelle ou héréditaire, toujours étroitement unie à son fils, le présenta sur le Golgotha au Père éternel, en y joignant l’holocauste de ses droits et de son amour de mère ; ainsi celle qui corporellement était la Mère de notre Chef devint spirituellement la Mère de tous ses membres par un nouveau titre de souffrance et de gloire.

Encyclique Corporis Mystici (1943)

[1] https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Pape/Pape-Francois-Marie-sest-jamais-presentee-comme-coredemptrice-2019-12-13-1201066318

[2] Saint Thomas distingue le mérite de condigno (mérite d’égalité) du mérite de congruo (mérite de proportion). Concernant la Sainte Vierge, née sans le péché originel, c’est bien d’un mérite d’égalité dont parle la théologie catholique, contrairement au commun des mortels dont le mérite est proportionnel à ses œuvres !