Décès de Mgr Tissier de Mallerais

Le décès brutal de Mgr Tissier de Mallerais a fait grand bruit dans le monde de la Tradition et au-delà, puisque des journaux suisses et français (La Croix par exemple) s’en sont fait l’écho.

Un écho pas toujours délicat puisque, sans même attendre avec la décence qui s’impose que les obsèques du prélat aient été célébrées, le goût du sensationnel prenait le dessus avec l’évocation des sacres à venir. Comme si le temps de la compassion et celui du recueillement devaient s’effacer au profit de l’immédiateté. Rien d’étonnant, au fond, chez ces gens-là : scoop un jour, scoop toujours.

En réalité, nombre d’observateurs avisés peuvent aisément poser le cruel constat que les circonstances actuelles ne sont pas favorables au maintien de la Foi et de la morale. Un synode très malheureux, dont ne connaissons pas encore l’étendue des dégats toutefois prévisibles, des prises de position romaines souvent peu compréhensibles et en décalage avec l’enseignement traditionnel de l’Église : tout concourt à la brouille des esprits et au flou général qui ne peut conduire à la clarté, ni à la Vérité. Dans ce cadre difficile qui favorise la confusion des esprits, la disparition d’un évêque traditionnel interroge : leur nombre se réduit et la question se pose pour la FSSPX de la continuité de l’action de leur fondateur. Une chose demeure certaine : la décision qui sera prise (elle a été annoncée déjà voici plusieurs mois) est une décision grave. Une décision qui engage l’Église, bien au-delà de la FSSPX. Cette dernière, elle l’a prouvé maintes fois, ne jouera pas le théâtre des ombres, ni celui des faux-semblants. Elle n’officiera certainement pas dans les ténèbres et sous les camouflages, ni non plus sous l’illumination d’une prise de décision fulgurante, opérée à la suite d’un simple mouvement de l’âme. Cette décision, dont la gravité est extrême et qui provoquera nécessairement des turbulences, s’effectuera dans le temps long, qui a toujours été celui de l’Église et qui continue de prévaloir : celui dont les supérieurs de cette Fraternité sont évidemment les seuls juges prudents. Comment imaginer d’ailleurs, si l’on considère ces éléments simples, qu’ils puissent agir sous la pression des remarques et des insinuations ? Que sert donc d’en parler abusivement, d’en commenter par avance les termes dont on ne sait finalement rien de précis, ni d’exact ?

À cet égard, il est triste de constater l’agitation qui semble parfois s’inviter dans nos conversations : chacun y allant de son pronostic, de sa date, du nombre de sacrés et de qui. On se demande même comment les supérieurs de la FSSPX n’ont pas pensé à s’entourer de tous ces faiseurs de princes qui prospèrent ici ou là.

L’AFS voudrait donc simplement rappeler que ces décisions demeurent de la lourde responsabilité des supérieurs en place. Qu’une telle décision, pour qu’elle s’inscrive dans une démarche respectueuse des lois de l’Église, doit passer par une demande faite aux autorités romaines concernées. Et qu’une fois cette demande accueillie favorablement, ou pas, il reviendra naturellement aux supérieurs en charge de prendre les décisions en toute liberté et conscience. Cela demande du temps. Du temps, du silence et de la prière. Dieu ne s’exprime jamais dans le bruit et dans la fureur de l’agitation. Mais dans le calme et le recueillement. Que la prière de nos lecteurs ne manque pas : nous y joignons les nôtres.

Charles Benoît