Sommaire du numéro 285 (Février 2023)
Voici le sommaire du dernier numéro de la revue :
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Evénement à signaler
Nous vous signalons la prochaine journée de conférences organisée par nos amis du CEP
le samedi 25 mars
à Issy-le-Moulineaux
sur le thème: La laïcité au risque de l’Histoire.
Programme prévisionnel :
- Saine et fausse laïcité (de Jésus-Christ à la Constitution civile du clergé) par Philippe Prévost
- Le pouvoir politique et l’Église en Russie (des origines à nos jours) par Gérard Conio
- La laïcité républicaine : une nouvelle religion d’État par Stanislas Berton
- La laïcité face aux dates de l’Histoire par Dominique Tassot.
Programme détaillé : ICI. Inscription : ICI.
Sur le jeûne et la prière
Comme nous sommes en plein carême et que le monde en général et la France en particulier ont grandement besoin de nos prières, voici l’éditorial de ce dernier numéro de la revue, qui est une réflexion sur je jeûne et la prière.
Une omission révélatrice
Mois après mois, l’avenir, au moins à vue humaine, ne cesse de s’assombrir. Le déroulement des événements actuels, notamment la guerre à notre porte avec la persistance des violents combats entre les armées russe et otano/ukrainienne, inquiètent à juste titre nombre de nos concitoyens, tant le risque de voir le conflit dégénérer en une véritable guerre mondiale se précise. De plus, les perspectives du grand reset ou les affres des réductions de la consommation électrique qui nous menacent ne font qu’augmenter cette inquiétude, tant pour notre vie quotidienne que pour l’avenir de l’économie mondiale. Et devant notre apparente impuissance à lutter contre la dégradation de la situation actuelle dans quel que domaine que ce soit : militaire, politique, économique, social, religieux, … certains se désespèrent allant parfois jusqu’à perdre foi en la Providence divine.
Malgré cette situation en apparence désespérée, il convient de conserver à l’esprit que ce mal est permis par Dieu en punition des péchés des hommes, et uniquement dans des limites qu’Il a fixées. Nous savons aussi que « les portes de l’enfer » n’auront pas le dessus et qu’« à la fin, le Cœur Immaculé de Marie triomphera ».
Cependant, même une foi ferme dans la victoire du bien ne suffit pas toujours à redonner courage ou simplement rassurer. Pour ne pas tomber dans une humeur morose paralysante, il est indispensable de pouvoir contribuer, aussi peu que ce soit, au combat pour le bien. Il n’y a rien de plus désespérant que l’inaction. Mais que pouvons-nous faire ? Avant de nous désoler, sommes-nous sûrs d’avoir utilisé tous les moyens mis à notre disposition par la Providence ? Il semble que non. Certes, nous aimerions que Dieu fasse un miracle, nous épargnant ainsi la peine de « mouiller notre chemise » pour le rétablissement la situation. Mais Dieu nous demande d’abord d’agir à notre niveau. À Fatima, par l’intermédiaire de sa Sainte Mère, pour nous accorder la paix dans le monde, Il nous a notamment demandé deux choses : réciter le chapelet tous les jours et offrir les sacrifices de la vie quotidienne pour la conversion des pécheurs.
Mais bien avant Fatima, Dieu avait donné le remède aux situations particulièrement difficiles, remède que nous connaissons par un épisode de la vie publique de Notre-Seigneur, celui de la guérison d’un enfant possédé par un esprit impur, guérison que les disciples de Jésus s’étonnaient de pas avoir pu faire. Le passage est rapporté par saint Matthieu et saint Marc, le passage de saint Marc constituant l’évangile du mercredi des quatre temps de septembre. À la question des disciples : « Pourquoi n’avons-nous pas pu le chasser ? » Jésus commença par répondre : « À cause de votre manque de foi. En vérité, je vous le dis, si vous avez de la foi comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne : Passe d’ici là, et elle y passera, et rien ne vous sera impossible. ». Mais ensuite il prit soin d’ajouter : « Ce genre (de démon) n’est chassé que par la prière et le jeûne. »
Dans de nombreuses traductions modernes de la Bible, cette dernière phrase est omise dans la version de saint Matthieu ou tronquée dans la version de saint Marc en ne mentionnant que la prière. Par exemple, la Nova Vulgata, nouvelle version de la Vulgate publiée en 1979, qui figure sur le site du Vatican[1] omet les passages en question. La Bible de Jérusalem est un peu plus honnête : elle les met en note, affirmant qu’il s’agit d’additions sans plus de précision. Pourtant, dans toutes les versions de la Vulgate antérieures à Vatican II, ces versets figurent bien : Hoc autem genus non ejicitur nisi per orationem et jejunium (Mt XVII, 20) et Hoc genus in nullo potest exire, nisi in oratione et jejunio. (Mc IX, 28)[2]
Ces suppressions dans les versions ou traductions modernes de la Bible ne sont sûrement par fortuites : elles montrent que ces passages gênent. Mais pourquoi gênent-ils ? Poser la question, c’est déjà y répondre. Ces omissions soulignent, malgré elles, l’importance de cet enseignement de Jésus : le jeûne, associé à la prière, est un moyen indispensable pour obtenir certaines guérisons. Or notre pays et de nombreux pays du monde ne sont-ils pas possédés par un esprit bien plus mauvais que celui de l’enfant de l’Évangile ? Nous ne pourrons donc obtenir de Dieu qu’Il chasse ce démon de nos gouvernements que si nous le Lui demandons par le jeûne et la prière.
Un autre épisode de la vie du Christ complète cet enseignement, épisode rapporté cette fois par les trois synoptiques (Mat IX 14-15, Mc II 18-20 et Lc V 33-35). Il est important de le rapprocher du précédent, car ce sont les deux seules fois, dans tout l’Évangile, où Jésus aborde la question du jeûne.
Les pharisiens se plaignirent un jour à Jésus que ses disciplines ne jeûnaient pas. « Pourquoi, Lui dirent-ils, les disciples de Jean et les disciples des pharisiens jeûnent-ils, et tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » Voici la réponse de Jésus telle qu’elle est rapportée par saint Matthieu : « Les amis de l’époux peuvent-ils être dans la tristesse tant que l’époux est avec eux ? Mais viendront des jours où l’époux leur sera enlevé, et alors ils observeront le jeûne. »
Or l’Époux n’est plus là. Il n’est plus là physiquement, car Jésus est monté au Ciel le jour de l’Ascension. Mais également, il n’est plus là moralement, car, même si Jésus a dit : « Je serai avec vous jusqu’à la fin des temps », la plupart des nations, au moins en Occident, L’ont rejeté de la vie publique, des institutions et des lois[3]. En conséquence, l’Époux n’étant plus là, nous sommes en ces jours où il nous faut observer le jeûne.
Dans quelques jours, nous allons entrer en carême : c’est l’occasion de méditer sur ces deux passages de l’Évangile et d’approfondir, non seulement le sens du jeûne, mais aussi la nécessité de la prière pour obtenir de Dieu le rétablissement de la situation. Alors offrons les quelques rares jours de jeûne que l’Église a maintenu pour que Notre-Seigneur délivre notre pays – et tous les pays du monde – de ce démon qui ne peut se combattre que par le jeûne et la prière. Et puisque l’Église conciliaire[4] ne le rappelle plus (ou presque plus), il faut non seulement pratiquer ce jeûne pour demander au Ciel cette délivrance mais aussi rappeler cette nécessité autour de nous. Saint carême.
Yves de Lassus
[1] https://www.vatican.va/archive/bible/nova_vulgata/documents/nova-vulgata_novum-testamentum_lt.html
[2] Voir https://www.lexilogos.com/bible_latin.htm
[3] Voir article Les « erreurs de la Russie » dans le précédent numéro.
[4] Sur cette expression « Église conciliaire« , voir l’article Le gardien qui ne gardait plus dans le numéro 277.